Home Facteurs Humains Singapore Airlines vol 006 – Accident au Sol

Singapore Airlines vol 006 – Accident au Sol

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Le 747-400 immatriculé 9V-SPK était un des plus bels appareils de la compagnie nationale de Singapour. Peint en couleurs tropicales, il était un des avions préféré des spotters du monde entier. Le 31 octobre 2000, il fait escale à Taipei, capitale de Taiwan, au cours d’un long voyage vers Los Angeles en Californie.

Peu avant 23 heures, l’avion est autorisé à circuler vers la piste 05L pour le décollage. Les conditions météorologiques sont tout simplement épouvantables. En théorie, aucun avion ne doit prendre l’air, y compris un 747. La tempête tropicale Xangsane s’approche des installations et provoque des vents de 70 km/h en continu avec des rafales à plus de 100 km/h. La visibilité est inférieure à 600 mètres et de lourdes pluies balayent toute la région. Plus l’heure avance, plus les conditions se dégradent. Dans ce contexte, l’équipage du vol 006 est soumis à une forte pression opérationnelle. Ils doivent partir sans délais sous peine de se retrouver coincés sur place pour toute la nuit au moins.

Quand l’appareil commence à circuler, il y a à bord 159 passagers, 20 membres d’équipage et 125 tonnes de carburant. Pour ajouter à la complexité du tableau, il y a des travaux en cours sur la piste 05R. Celle-ci est ouverte à la circulation sur une partie de sa longueur, mais ne peut plus être utilisée pour les mouvements de décollage et d’atterrissage. Ceci entretient une confusion dans l’esprit des pilotes. En effet, d’après les procédures habituelles, une piste est soit ouverte, soit fermée. Il n’est pas usuel d’avoir une piste ouverte pour la circulation mais fermée pour d’autres types d’usages.

Les premières difficultés apparaissent lors du roulage déjà. Le copilote a du mal à tenir une direction et doit lutter contre le vent en utilisant la gouverne de direction. Le commandant de bord lui recommande d’aller lentement pour éviter de se retrouver dans le décor.

 

barrière de type Jersey
Une barrière en béton de type Jersey comme celles qui se trouvaient sur le piste 05R.
 

 

Dès qu’ils voient une piste, les pilotes s’y alignent et s’empressent de commencer le décollage. L’appareil commence à accélérer sur la piste 05R. Au milieu de celle-ci, cachés par l’obscurité et la pluie, se trouvent des barrières en béton, des pelleteuses, des bulldozers et d’autres engins de chantier pesant plusieurs dizaines de tonnes.

Au bout d’une demi-minute d’accélération, le mécanicien de bord annonce 80 nœuds (150 km/h). Trois secondes plus tard, le bruit d’un impact sourd est enregistré par le CVR suivi par des exclamations de surprise dans le cockpit. Depuis la tour, les contrôleurs voient une boule de feu s’élever dans la nuit et alertent les secours.

L’avion s’est complètement désintégré sous le choc. La cabine se sépare en trois grandes sections. Dedans, les passagers sont plongés dans le noir et la fumée. Des masques à oxygène et des bagages tombent. A l’avant, deux toboggans se gonflent vers l’intérieur. Les survivants évacuent dans la confusion la plus totale. Certains sautent par des brèches dans le fuselage alors d’autres ouvrent des portes et se jettent dans le vide.

Il y a 83 morts, soit un taux de mortalité de 46% parmi tous les occupants. Par contre, si on considère que les passagers assis au milieu de l’appareil, au niveau de l’emplanture des ailes, le taux de mortalité monte à 84%. La majorité des décès proviennent de cette zone qui a été immédiatement attaquée par les flammes. Près de 22% des occupants eurent des blessures graves, contre 18% qui s’en sortirent avec des blessures légères ou des contusions. Enfin, 14% des occupants, parmi eux les pilotes, étaient indemnes.

Dans le pont supérieur, 12 des 19 occupants trouvent la mort à cause des difficultés d’évacuer à temps. Les enquêteurs font réaliser 7 autopsies sur des victimes prises au hasard. Il fut déterminé que 6 trouvèrent la mort suite à une inhalation de fumées toxiques et 1 décès seulement fut attribué à des causes traumatiques.

L’enquête détermina également que le premier impact eu lieu très tôt durant l’accélération mais passa inaperçu. Au début de la piste, il y avait un engin de chantier. Celui-ci fut pris sous l’appareil qui le traina sur plusieurs dizaines de mètres. Quand il se libéra, il roula brutalement et rebondit sur la piste jusqu’à toucher et endommager la gouverne de profondeur. Les vibrations crées par cet évènement furent probablement confondues avec des celles des rafales de vent. Le premier impact ressenti par les pilotes fut l’arrachement des réacteurs droits par d’autres engins de chantier et barrières en béton.

L’équipage avait au moins 10 éléments visuels ou instruments donc chacun aurait permis de voir que l’appareil se trouvait sur la mauvaise piste.

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