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Interview : Vol de Bagages dans un Aéroport International Suisse

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Il y a quelques années, j’ai rencontré un gars qui travaillait comme bagagiste dans un aéroport international Suisse dont je ne révèle pas le nom ici. Il était très remonté contre le vol organisé des effets personnels des voyageurs. Voici un dialogue que je reconstitue d’après notre conversation qui a duré 30 minutes environ.

Je ne sais pas si les informations données ici sont toujours d’actualité pour l’aéroport en question, mais elles permettent de voir que le vol de bagage est une activité très organisée et profitant des dernières technologies.

– Comment s’organise le vol des bagages ?
Il faut savoir que la majorité des employés et leur encadrement viennent d’ex-Yougoslavie. Ils se connaissent tous au pays et favorisent l’entrée des leurs au service des bagages. Une fois sur place, la personne se joint naturellement au gang ou en couvre les activités.

– Concrètement, comment une valise qu’on donne à l’enregistrement finit-elle entre les mains des pilleurs ?
Derrière les guichets d’enregistrement, commence une immense zone de tri automatique. Des tapis roulants lisent les codes barres des étiquettes et orientent chaque objet vers la zone de chargement correspondant à son vol. Ca ressemble à un gros réseau de chemin de fer qui peut envoyer une valise à n’importe point de l’aéroport. Quand la valise suscite de l’intérêt, un bagagiste l’intercepte mais ne fait rien d’autre que de lui changer d’étiquette avant de la remettre sur le tapis roulant. Il y a dans la zone de tri des appareils qui permettent d’imprimer les mêmes étiquettes qu’aux guichets de check-in. Muni de cette nouvelle étiquette, le bagage est envoyé dans une zone moins surveillée. Typiquement vers les zones des vols où il y a une faible présence douanière.

– Que se passe-t-il une fois que le bagage arrive de l’autre coté ?
Les voleurs sont tout le temps connectés les uns aux autres grâce à leurs téléphones portables. Quand le bagage est détourné, les complices reçoivent un coup de fil de quelques secondes qui leur communique la description du bagage et où l’attendre. Ces derniers reçoivent le bagage et c’est là que le vol à proprement parler est commis. Par la suite, ils lui remettent son étiquette originale et le balancent sur le tapis roulant. Le système de tri automatisé le ramène à temps pour sol vol d’origine.

– Comment les bagages à voler sont-ils sélectionnés ?
Chacun sa méthode mais la plus efficace consiste à trainer pas loin des écrans de contrôle de la police. Il faut savoir que tous les bagages enregistrés sont passés aux rayons. De leur position, certains bagagistes ont une très bonne vision sur les écrans de contrôle. Ils peuvent rapidement identifier les bagages contenant des objets de valeur. Les bijoux, montres et argent liquide sont les plus recherchés. Une fois le bagage repéré, il est pris en charge par un complice qui lui change d’étiquette pour l’envoyer vers la zone où il sera pillé en toute tranquillité.

– Les bagages sont souvent fermés. Comment font-ils pour les ouvrir ?
Ils ont leurs techniques pour les ouvrir. Par exemple, les cabas et valises munis d’une fermeture Eclair (zip) ont parfois un cadenas qui bloque les 2 navettes l’une avec l’autre. Dans ce cas, ils vont aller à l’extrémité opposée, le plus loin des navettes, et ils séparent quelques dents avec un couteau de poche ou tout outil pointu. Une fois que c’est fait, il suffit de passer le doigt et la fermeture Eclair s’ouvre sans présenter la moindre résistance.

Pour les valises à coque dure, celles qui sont munis de serrure à combinaison, il suffit de les soulever et puis de les laisser tomber. En fait, le bagagiste prend la valise par la poignée et la soulève à un mètre cinquante du sol environ et la laisse tomber. La majorité des valises s’ouvrent sous le choc. Une fois le vol commis, il suffit de pousser fort dessus et elles se referment. Visuellement, rien ne permet de savoir qu’elles ont été ouvertes. Ils ont beaucoup d’entrainement. Ils travaillent très vite et pour chaque type de bagage ils ont développé les techniques qu’il faut.

– Est-ce que tu peux me parler d’un vol qui t’a frappé ?
Je me rappelle d’un voyageur qui partait aux Etats-Unis. Il avait une valise avec une forte somme en cash et il l’a donnée à l’enregistrement. Quand il est arrivé à destination, il n’a pas trouvé l’argent. Il a repris le même avion pour revenir. Il était dans tous ses états.

– Il a pu récupérer son argent ?
Non, rien du tout. Il a été a la police, à la compagnie aérienne… Il a rempli des documents mais son argent était déjà loin.

– Il y a quand même un encadrement, des managers ? Ils ne voient pas ce qui se passe ?
Au contraire. Ils sont bien au courant de ce qui se passe. Il y a un système de vote qui permet d’élire les personnes qui les encadrent. Ils choisissent, bien sûr, leurs chefs de gang à ces postes. Si tu ne fais pas parti de ce jeu, ils te rendent la vie difficile pour que tu partes. Je les ais surpris plusieurs fois en pleine activité. Ils savaient que je les avais vus et ceci me donnait une sorte de protection. A la fin, j’en ai eu ras le bol et je suis parti quand même.

 

Témoignage d’un lecteur:

Lors d’un vol de retour sur Madrid, le check-in était interminable, l’officier chargé du contrôle des bagages triait tous les bagages avec deux scanner. A chaque fois que quelque chose l’intriguait il faisait venir le propriétaire de la valise et lui demandait de l’ouvrir. Arrivait mon tour… il me fait signe de venir, me montre la fermeture éclair de mon sac de sport, me fait sortir une caméra munie de son étui de plongée et me demande de le remettre dedans et refermer. J’ai suivi mon sac sur le tapis roulant et remarqué le personnel le mettre sur le chariot d’embarquement. Escale à Madrid, arrivée Genève, le train jusqu’à Lausanne, Taxi à mon domicile de l’époque et consternation… plus de caméra, plus de Lunette de soleil et médicale. Le malheur a voulu que je laisse le film dans la caméra. Fini le reportage des amis en quête du tour du monde en voilier, fini Jo 10 ans s’amusant avec les dauphins, etc. Après réflexion j’ai repensé à mon contrôleur de Caracas… En effet, il faisait montrer les objets intéressants et les bagagistes du bout du tapis avait tout le temps de prendre que ce qui était intéressant et de valeur. Moralité: prenez avec vous vos appareils ou tout au moins les cartes mémoires, en général nous sommes assurés et le remplacement des appareils sont souvent plus récents…

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