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USAir vol 1493 et Skywest vol 5569 : Collision à LAX

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Le 1er février 1991, une erreur de contrôle aérien précipite deux avions l’un contre l’autre à l’aéroport international de Los Angeles. La séquence s’est passée tellement vite, qu’aucune barrière de sécurité ne put empêcher le drame.

Le premier acteur est un Boeing 737 de la compagnie USAir. Initialement, il est en approche ILS sur la piste 24R. Il est 18 heures locales, il fait déjà nuit mais la visibilité est bonne. Sur la piste 24L, un contrôleur autorise un avion de type Fairchild Metro III à s’aligner et à attendre pour le décollage. Comme cet avion n’a pas besoin de toute la piste, il entre à peu près à son milieu et applique le frein de parc en attendant les instructions. A bord de ce dernier appareil, il y a 10 passagers et 2 membres d’équipages qui s’apprêtent à prendre l’air pour un vol régional.

Quelques minutes plus tard, un contrôleur demande au 737 en approche de s’orienter vers la piste 24L au lieu de la 24R. Le copilote, quitte l’axe ILS initial et entame une approche à vue sur la piste indiquée. Pendant ce temps, le pilote d’un troisième appareil, encore au sol, quitte la fréquence de la tour de contrôle par erreur. Ceci engendre un moment de flottement et le contrôleur aérien perd de précieuses minutes à chercher à entrer en contact avec cet avion.

Pendant ce temps, le 737 continu son approche en visuel mais les pilotes ne voient pas qu’il y a un avion régional arrêté au milieu de la piste. De nombreux experts ont cherché à expliquer les causes de cet aveuglement temporaire. Arrivant de nuit, les pilotes sont exposés à des millions de lumières venant du sol. Plusieurs dizaines de milliers de ces points couvrent la superficie de l’aéroport. Une demi-douzaine sont les feux réglementaires du Metro III arrêté au milieu de la piste attendant son autorisation de décoller.

A 18:05, l’instruction mortelle tombe à la radio :
– US Air fourteen ninety three cleared to land runway two four left

L’équipage la confirme comme le veut la procédure. Ce fut sa dernière transmission. Le copilote réalise l’atterrissage. Il touche le bitume environ 500 mètres après le début de la piste puis, très progressivement, il laisse descendre le nez de l’appareil. Il commence à tirer sur les manettes pour ouvrir les inverseurs de poussée. Il baisse les yeux pour vérifier ses indicateurs et quand il les relève, il voit un avion qui emplit tout son hublot. Les phares d’atterrissage du 737 se reflètent sur les hélices du Metroliner. Une demi-seconde plus tard, c’est l’impact !

Les avions se transforment en boule de feu qui continue à glisser sur plusieurs centaines de mètres et finit contre un bâtiment inoccupé.

Les pilotes et passagers du Metroliner, 12 personnes en tout, sont tués sur le coup. Leur appareil est écrasé sous le Boeing. A son tour, ce dernier est fortement endommagé et une très forte fumée envahi l’espace habitable. Quatre issues de secours sont dégagées et les personnes valides prennent la fuite. Une hôtesse de l’air et 19 passagers sont incapacités par la fumée et ne pourront pas fuir. Un passager réussit à sortir, mais décèdera plus tard par la suite de ses blessures. Enfin, le commandant de bord est tué lors de l’impact contre le bâtiment tout en fin de course.

Les pompiers arrivent en moins d’une minute. Il leur faudra une autre minute pour éteindre le plus gros de l’incendie grâce à des canons surpuissants. D’autres foyers continuent de brûler dans des zones difficilement accessibles. Le copilote saute par un hublot et il est pris immédiatement en charge. Un secouriste réussit à s’introduire dans le cockpit juste pour constater que le commandant de bord est sans vie et impossible à dégager. Dans le doute, il fait quand même venir une ligne à mousse pour protéger la zone des flammes qui avancent. Un autre pompier fait rentrer une ligne de Halon 1301 dont près de 600 livres sont déchargées dans la cabine sans aucun effet sur le feu qui finit par crever le toit de l’avion.

A un moment donné, un secouriste découvre une hélice tordue et incrustée dans le réacteur du 737. C’est seulement à cet instant que les équipes sur place comprennent qu’un second avion est impliqué dans l’accident. C’est la tour de contrôle qui les informera qu’il manque un Metroliner à l’appel. Ce n’est que bien plus tard dans la soirée que ses débris furent retrouvés non seulement sous le Boeing, mais aussi éparpillés sur toute la trajectoire depuis l’impact.

Accident-au-Sol-LAX

Comportement des passagers
Le nombre important de survivants dans le 737 permit d’établir un certain nombre de points intéressants sur le comportement des passagers. Lors du premier impact contre le Metroliner, le choc, le bruit et flash orange ont crée une forte impression en cabine. A cet instant, quelques passagers débouclent leurs ceintures de sécurité. Au second impact, quand l’appareil vient s’immobiliser brutalement contre un ancien bâtiment de pompiers, ces personnes sont projetées vers l’avant, c’est-à-dire, vers une zone où le taux de survie a été des plus faibles. On constate régulièrement ce réflexe néfaste qui consiste à détacher sa ceinture de sécurité à la moindre manifestation de danger. Dans un avion de ligne, il y a toujours un certain nombre de personnes pas rassurées et qui sont tout le temps à deux doigts de se lancer dans un réflexe de fuite, même quand celui-ci n’est pas approprié.

A l’autre extrême, une personne au moins est partie dans un réflexe de « gel » ou de prostration. En cas ce choc intense, il peut arriver que des gens se mettent dans une situation de refus total de la réalité et bloquent sur place pendant quelques secondes ou quelques minutes. Ceci peut faire la différence entre la vie et la mort pour elles, mais également pour les autres. Dans un des cas, une personne prostrée se trouvait assise devant une issue de secours. Elle refusa d’ouvrir cette issue, ni de bouger pour permettre aux autres d’y accéder. Il a fallu qu’un passager assis derrière elle ouvre l’issue et la bouscule dehors à coups de pieds. Il lui sauva la vie ainsi qu’aux personnes qui purent suivre cette voie.

D’autres passagers déclenchèrent une violente bagarre au sujet d’une issue qui fut finalement ouverte après que de précieuses secondes soient perdues.

Un autre groupe eut le salut grâce à un jeune homme de 17 ans. Ce dernier avait discuté des procédures de secours avec une hôtesse de l’air qui lui expliqua dans le détail comment ouvrir une issue de secours en cas d’accident. Au sol, dès que l’avion s’immobilisa, il appliqua ses nouvelles connaissances et sans la moindre hésitation il créa une voie vers le salut pour lui et pour les gens assis dans son voisinage.

Encore une fois, l’attention aux consignes de sécurité et l’intérêt porté à l’environnement font toute la différence quand une évacuation d’urgence devient nécessaire. Dans ces cas, il y a, en moyenne, 60 à 90 secondes pour fuir ou pour rester.

 

Plan de cabine et victimes de crash
Ce plan de cabine du Boeing 737 montre la distribution des victimes en fonction de l’endroit où elles étaient assises.

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